Le retour de Gounaro en Grèce coïncide avec l’émergence d’un courant artistique important, appelé “La génération des années ‘30”. Gounaro et d’autres artistes retournant de Paris, comme Michel Tombros et Nikos Hadjikyriakos-Ghikas, ainsi que Georges Bouzianis qui rentre d’Allemagne, insufflent ensemble les tendances de l’avant-garde internationale à la vie artistique en Grèce.
En 1934, la Grèce participe pour la première fois à la Biennale de Venise avec l’œuvre de 74 artistes distingués, parmi lesquels est Gounaro, dont l’œuvre fait l’objet de mentions particulières dans les articles de la presse italienne.
L’année 1935 voit une exposition qui marque un tournant décisif dans l’évolution de l’art moderne en Grèce. Cette exposition est “l’Exposition des trois”, où Gounaro, Hadjikyriakos-Ghikas et le sculpteur Tombros montrent leurs œuvres.
En juillet 1937, la municipalité d’Athènes confie à Gounaro le chantier de la décoration des murs de la salle de conférences du conseil municipal de l’Hôtel de Ville d’Athènes. Toujours fidèle à son style personnel, il créé un ensemble pictural de 112 mètres carrés, optant pour la technique brillante de la peinture murale à l’huile et à la cire, ce qui est une technique tout à fait rare. La fresque murale représente l’histoire d’Athènes de l’antiquité jusqu’à l’époque contemporaine. La représentation fidèle des figures historiques, de leurs vêtements et des objets est due à l’étude méticuleuse de Gounaro des vases anciens, des pièces de monnaie antiques, des stèles tombales, des statues et aussi de la riche littérature disponible concernant l’art grec de l’antiquité. Il commence le travail de la fresque en mars 1938 et le termine tout seul, sans assistance technique, deux années plus tard.
Pendant la deuxième Guerre Mondiale le peintre, qui a 50 ans, publie dans le journal Niki les dessins Que Notre Dame soit avec lui et Victoire volante pour encourager les soldats grecs.
En 1950-51, Gounaro exécuta les fresques de l’église d’Ayia Triada dans la ville grecque de Volos. En 1958, on lui décerna le Prix Guggenheim pour la Grèce.
Lors de sa carrière artistique, Gounaro présenta son œuvre dans plus de soixante-dix expositions en groupe, en Grèce ou à l’étranger, dans quatre expositions en solo à Paris, à la Galerie “Hugo” d’Alexandre Iolas à New York (1948), dans douze expositions en solo en Grèce (liste indicative : 1949, Galerie “Romvos”; 1957, Institut Français d’Athènes; 1959 et 1962, Galerie “Zygos”; 1965, 1971 et 1973, Galerie “Astor”). Lors de son vivant, la Pinacothèque Nationale lui consacra une exposition rétrospective en 1975.
En parallèle de son activité picturale, Gounaro s’occupa de l’illustration des recueils de poèmes et de textes d’intellectuels tels que Andreas Embiricos, Sotiris Skipis, Apostolos Mélachrinos, I.M. Panagiotopoulos et Kostas Varnalis.
Gounaro meurt en 1977, ayant vécu quatre-vingt-huit ans dont soixante-cinq années consécutives consacrées à la création artistique. Quand quelqu’un lui demandait peu de temps avant sa mort s’il était satisfait de sa contribution à l’art, il répondait: “Oui et non. Oui, car j’ai donné ma vision personnelle; non, parce-que l’œuvre d’un artiste ne peut être qu’un infime pourcentage de sa vision entière”.